- André Soudan a écrit:
POEME ECRIT PAR ANDRE SOUDAN RESISTANT DE LA 2E GUERRE MONDIALE basé à Vassieux (Vercors)
Du pied de ces grands monts dont la neige éclatante
Blanchit les purs sommets, je voudrais,Ô Vassieux
Remémorer en moi, par ma plume hésitante,
Tout ce que me rappelle ton site merveilleux
Je me revois encore, dégringolant la pente,
Au travers des fuyards me frayant un chemin
Quand je voyais enfin ta vallée accueillante
Et ton clocher pointu là-bas dans le lointain
Et je pressais le pas, plus vite, encore plus vite
Ah ! que je languissais de rentrer au logis
De tes fiers montagnards, orgueilleux de leur site
Dont j’apprécie le cœur aussi bien que l’abri.
Je revois tous tes gars dans une farondole,
Tes belles filles brunes aux longs cheveux flottants,
Tourbillonner autour de ma modeste « viole »
Sur l’estrade dressée par tes fils de vingt ans.
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Mais les temps ont changé au loin l’orage monte
La guerre est déclarée, l’envahisseur maudit
S’en vint semer partout la terreur et la honte
Chez un peuple vendu dont le moral faiblit
L’armistice a sonné : sombres jours de quarante
Vous avez fait pleurer nos rudes montagnards
Dont le patriotisme et dont la foi ardente
Accueillerait un jour nos vaillants « maquisards »
Sous tes sapins ardus échappant à l’Allemagne
Un camps s’est installé à l’instar du vainqueur
Venant chercher l’abri sur tes hautes montagnes
Et ne voulant servir Vichy l’oppresseur
Là ton ardeur, Vassieux, fut plus que légendaire
Tu su les soutenir, les aider à s’armer
Les paysans vaillants devant les mercenaires
Ont préféré souffrir plutôt que de flancher
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Des armes sont venues, d’immenses parachutes
Profitant de la nuit, nous sont tombés du ciel
Grâce à eux nos maquis continuaient la lutte
En sauvant la Patrie d’un désastre éternel.
D’abord ce fut pour eux le long apprentissage
S’occupant chaque jour à savoir se servir
De ces armes bénies, ravivant leur courage
Ces gars disent enfin, l’allemand peut venir.
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Il vint un jour hélas survolant ton village
Dans ce même ciel bleu qui jadis fut clément
Leurs sombres avions dont les bombes font rage
Apportèrent chez toi la terreur et le sang
Ton terroir a frémit il crie son épouvante
L’attaque se poursuit toujours incessamment
Et déjà les planeurs aux ailes grandissantes
Atterrissent tout près nourrissant les tyrans
Le tir des maquisards aussitôt se déclenche
Des farouches mongols les rangs sont éclaircies
Mais hélas rien ne peut arrêter l’avalanche
Qui déferle partout, Vassieux, tu es trahi
Ils ont soif de ton sang, ces brutes mercenaires
Ils pénètrent partout, pillant, incendiant,
Fusillant les jeunes, assassinant leurs mères
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Quoi ! ce sont eux les fils du grand peuple allemand !
Les pauvres maquisards en ont fait l’expérience
Ils tombent , se relèvent, repartent en tirant
Sur ceux qui lâchement de notre pauvre France
Voulaient se rendre maître en nous tyranisant
Sur ceux-là chers Français, qui torturaient nos frères
Sur ceux-là que Vichy, lâchement a servi
Qui voulaient être un jour les maîtres de la terre
Régner partout enfin sur le monde asservi
Mais Dieu ne voulu pas. Notre chère patrie
A vu partir un jour tous ces Fritz arrogants
Sous les coups meurtriers d’une armée affranchie
Qui vaincra à son tour ce peuple de manants.
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Ils sont partis enfin, Vassieux pauvre martyre
Tu gardes en ton cœur la trace du vaincu
Dans tes champs, sur tes croix le monde pourra lire
Ce que fut ton passé, ce que fut ta vertu
Si la désolation reste, preuve évidente
Sache que les pionniers de la libération
Se sont formés chez toi et leur foi éclatante
Te dit tout bas « merci » au nom de la nation.
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